Tutoriel 6 : une installation persistante de Redo Backup & Recovery
Sommaire de l'article :
1- Introduction: installation complète, persistance, live
2- Logiciels nécessaires
3- Procédure
3-1 Méthode 1: persistance dans un fichier
3-2 Méthode 2: persistance sur une partition indépendante.
3-3 Utilisation de la clé en mode persistant
4- Résumé de la procédure
1- Introduction: installation complète, persistance, live
Les live CD ou USB ne fonctionnent pas tout à fait comme une distribution installée sur un disque dur. Voyons en détail chacun des trois modes de fonctionnement possibles.
1-1 Installation complète
C'est celle que l'on fait la plupart du temps lorsque l'on installe une distribution sur un disque dur de son PC. Le système de fichiers de la distribution est copié en détail sur le disque dur. Au premier démarrage le système analyse le matériel présent et les périphériques, choisit les pilotes les plus adaptés, ce qui permet une optimisation du fonctionnement et des démarrages plus rapides par la suite.
En conséquence le système peut être modifié de façon permanente: mises à jour ou à niveau, installation de nouveaux logiciels, de nouveaux pilotes, modification des paramètres, création et enregistrement de fichiers personnels. La distribution n'est pas utilisable sur d'autres PC que celui sur lequel elle a été installée.
1-2 Mode persistant (ou permanent)
La distribution fonctionne à partir d'un fichier compressé contenant le système de fichiers en lecture seule. Un espace est créé, soit sur une autre partition, soit dans un fichier au sein de la même partition, dans lequel une partie du système de fichiers est recréé en lecture et en écriture, autorisant l'enregistrement de données que l'on pourra retrouver lors de prochaines sessions. C'est en quelque sorte une surcouche du système live.
En conséquence certaines modifications peuvent être apportées de façon permanente au système : ajout de logiciels, modifications de certains paramètres, création et enregistrement de fichiers personnels. En revanche les mises à jour ne modifieront pas le cœur du système lui-même, qui reste en live. Elles finiront par le déstabiliser et ne sont donc pas recommandées. Cela concerne également l'installation de pilotes.
Comme elle fonctionne à partir d'un fichier compressé, elle occupe moins de place qu'une installation complète, mais il faut tout de même tenir compte du fichier de persistance qui peut devenir de plus en plus volumineux. Elle enregistre certains paramètres matériels du PC et peut finir par devenir instable si on l'utilise sur plusieurs PC.
1-3 Mode live
La distribution fonctionne à partir d'un fichier compressé en lecture seule. Rien n'est inscrit sur le CD ou la clé USB. Elle démarre à partir de paramètres standard en fonction du matériel présent au sein du PC.
En conséquence elle occupe peu d'espace disque et est totalement nomade car prévue pour fonctionner sur la plupart des PC. En revanche elle est plus lente au démarrage puisqu'elle examine le matériel à chaque fois, et il n'est pas possible d'en modifier les paramètres, d'ajouter des logiciels, de la mettre à jour de façon permanente, d'enregistrer des fichiers personnels. Toute modification sera perdue à l'arrêt du système.
Les distributions proposées au téléchargement sont très souvent proposées en live CD ou USB, fonctionnant donc en mode live, et à partir duquel on peut faire une installation complète. Parfois elles sont prévues pour pouvoir être installées en mode persistant sur une clé USB.
Avec Linux Live USB Creator sous Windows par exemple, il sera possible de savoir si ce mode persistant est prévu. En effet si celui-ci est possible, le logiciel proposera automatiquement, à l'étape 3 de la création, le choix d'une installation en mode persistant en proposant le paramétrage de la taille du fichier qui servira de persistance.
Redo Backup & Recovery n'est pas prévu pour être installée ou pour fonctionner en mode persistant. Nous allons voir que nous pouvons faire malgré tout une installation persistante. Cela permettra de personnaliser Redo Backup & Recovery, en ajoutant des logiciels par exemple. En revanche cela ne présentera d'intérêt que si la clé USB n'est utilisée que sur un seul ou sur peu de PC différents: le système finira par être instable en mode persistant si on l'utilise sur plusieurs machines.
Si la méthode expliquée ici ne permet pas de disposer d'une clé USB totalement nomade utilisable sur n'importe quel PC, elle présente toutefois un grand intérêt.
- Compte-tenu du bas prix des clés USB, on peut imaginer créer une clé USB de secours avec Redo Backup installée de manière persistante pour chaque PC ; le système devient personnalisable à tout moment, en fonction des besoins. Redo Backup & Recovery est très léger (<1Go) et une clé de faible capacité suffit.
- La méthode expliquée ici est transférable à d'autres distributions proposées exclusivement en live. Elle pourra donc servir à installer de façon persistante d'autres distributions n'existant qu'en live.
Notez toutefois que le démarrage du système sera beaucoup plus lent qu'en mode live. A chaque démarrage en effet la structure de fichiers est reconstituée dans le fichier ou répertoire de persistance. Il est préférable de disposer d'une clé USB relativement rapide.
2- Logiciels nécessaires
Nous aurons besoin d'un PC disposant d'un système Linux, ou en mesure de démarrer sur un live CD ou une live USB disposant d'une distribution Linux.
2-1 Sous Windows
- Linux Live USB Creator ou tout autre logiciel équivalent.
- UltraIso en version d'évaluation ou tout autre logiciel équivalent.
2-2 Sous Linux
- L'application IsoMaster ou une application similaire.
- Le logiciel UNebootin ou tout autre logiciel équivalent.
3- Procédure
Nous devons indiquer à Redo Backup qu'il devra désormais démarrer en mode persistant. Pour cela il nous faut modifier le fichier de configuration de démarrage comme nous avons appris à le faire dans le tutoriel N°1 : Une clé USB botable de Redo Backup & Recovery avec un clavier français.
Avec Ultraiso ou Isomaster, nous éditons le fichier /isolinux/isolinux.cfg et repérons les lignes commençant par APPEND.
Nous allons y inscrire une option permettant de mettre en place la persistance. Il suffit d'ajouter "persistent" après "boot=casper" comme ceci :
boot=casper persistent initrd=/casper/initrd.lz
3-1- Méthode 1: persistance dans un fichier
Nous pouvons maintenant créer notre clé USB avec Linux Live USB Creator ou UNetbootin, ou tout autre logiciel équivalent.
Il nous reste maintenant à créer le fichier qui sera utilisé par le système pour écrire les informations de persistance. Par défaut le système cherchera un fichier casper-rw pour y écrire ses données.
Il nous faut un PC sous Linux, ou démarré à partir d'un live CD ou live USB Linux.
Plaçons-nous dans le répertoire utilisateur par
cd /home/nom-utilisateur
où, bien entendu, "nom-utilisateur" est à modifier en fonction de la configuration de votre PC,
ou plus simplement par
cd ~/
Le symbole ~ permet de désigner le chemin d'accès vers le répertoire de l'utilisateur courant.
Nous allons dans un premier temps créer le fichier casper-rw dans ce répertoire local grâce à la commande
dd if=/dev/zero of=casper-rw bs=1M count=2048
Détaillons cette commande et voyons ce que l'on peut personnaliser :
- dd est une commande permettant de faire une copie bit à bit d'un disque ou d'une partition vers un fichier et inversement;
- if est l'abréviation de Input File (fichier, partition ou disque en entrée);
- of est l'abréviation de Output file (fichier, partition ou disque en sortie);
- bs permet d'indiquer la taille des blocs de copie;
- count permet d'indiquer une taille pour le fichier en nombre de blocs de copie. On peut donc ici paramétrer la taille que l'on veut, sachant qu'en FAT 32 la taille maximum des fichiers reconnue par le système est de 4 GO (4096 Mo), et que ce fichier ne pourra étendre sa taille de lui-même. Ici nous avons donc une taille de 1 Mo x 2048 = 2048 Mo ou 2,048 Go.
ATTENTION : dd est une commande très puissante mais également très dangereuse, car une erreur de saisie peut conduire à la destruction non désirée de toutes les données d'un disque ou d'une partition. C'est pourquoi ici, pour réduire les risques, nous travaillons dans un fichier du répertoire utilisateur, donc sans besoin de droits administrateur, et vers un fichier et non un disque ou une partition.
Ce fichier doit pouvoir être reconnu comme une partition, c'est pourquoi nous allons le formater par la commande
mkfs.ext2 -F casper-rw
mkfs.ext2 permet de formater selon le format de fichiers Linux ext2 ; l'option F permet de forcer le formatage même s'il n'apparaît pas sensé.
Il ne nous reste plus qu'à copier casper-rw à la racine de notre clé USB, soit par le gestionnaire de fichiers en mode graphique, soit par la commande
sudo cp /home/nom-utilisateur/casper-rw /media/chemin/clé-usb
où "nom-utilisateur" et "/chemin/clé-usb" sont à adapter à sa configuration.
Notre clé est prête, il ne reste plus qu'à démarrer dessus pour en vérifier le bon fonctionnement.
3-2 Méthode 2: persistance sur une partition indépendante
Créer la persistance dans une partition indépendante présente plusieurs avantages : on n'est plus limité par la taille de fichiers de 4 Go imposée par FAT 32 ; les données de persistance sont indépendantes de la partition sur laquelle se trouve l'image du système. Et il sera plus facile de modifier la taille de la partition persistante que celle du fichier persistant.
Il nous faut donc créer deux partitions sur notre clé USB, l'une pour Redo Backup, l'autre pour les données de persistence. Il nous faudra ici travailler sous Linux, Windows n'étant pas en mesure de reconnaître plusieurs partitions sur une clé USB.
On se reportera au tutoriel N°3, à la partie "Création des partitions" si l'on ne sait plus comment procéder. Ici l'ordre des partitions importe peu.
La partition accueillant Redo Backup doit avoir le drapeau (ou flag) boot, la seconde, celle contenant les données de persistance, doit impérativement avoir l'étiquette casper-rw. On la formatera au format de fichiers ext2. Le format ext2 est justifié par un gain d'espace et de rapidité. Les formats ext3 et ext4 procèdent en effet à une journalisation du système de fichiers, c'est-à-dire qu'ils conservent des traces de toutes les opérations d'écriture afin d'éviter la perte de données en cas d'arrêt brutal.
Voici un exemple de partitionnement sur une clé USB de 8 Go:
Nous pouvons maintenant créer notre clé USB avec UNetbootin à partir de notre image iso modifiée en indiquant bien le chemin de la partition devant contenir Redo Backup ; dans l'exemple ci-dessus, comme on le voit dans les chemins indiquées sur la copie d'écran de Gparted, il s'agira de /dev/sdb1.
Notre clé est prête, il ne reste plus qu'à la tester en démarrant dessus.
3-3 Utilisation de la clé en mode persistant
Quelle que soit la méthode choisie, il vous est maintenant possible de personnaliser votre live USB de Redo Backup & Recovery.
Retenez que :
- la personnalisation de l'apparence de l'environnement ne sera pas conservé pour les autres sessions. Cela est lié aux principes de fonctionnement en live de Redo Backup ;
- vous pouvez installer sans problèmes de nouveaux logiciels. Comme le gestionnaire de logiciels en mode graphique n'est pas installé, vous pouvez les installer en ligne de commande. Mais rien n'interdit d'installer le gestionnaire de logiciels en mode graphique Synaptic. N'oubliez pas de commencer par lancer la commande "apt-get update" dans un terminal avant de chercher à installer quoi que ce soit afin que le système mette à jour la liste des paquets, sans quoi vos demandes d'installations échoueront probablement ;
- vous pouvez faire des mises à jour, mais il est préférable d'éviter de faire des mises à niveau de la distribution, cela risquant fort de conduire à des dysfonctionnements.
Ne craignez pas d'essayer, c'est en essayant qu'on apprend. Au pire, si le système ne fonctionne plus correctement, il n'est même pas nécessaire de reconstruire complètement la clé USB: le système en lui-même ne peut pas avoir été modifié, il vous suffit de supprimer le fichier casper-rw si on a adopté la persistance dans un fichier et de le remplacer par un vierge comme expliqué dans le tutoriel, ou de supprimer les fichiers de la partition casper-rw si on a adopté la seconde méthode. Puis notez ce qui est véritablement intéressant à conserver, ce qui ne vous paraît pas indispensable, et vous trouverez ainsi le compromis convenable entre fonctionnalités supplémentaires et rapidité du système. Vous pouvez même conserver vos différents fichiers casper-rw (ou leur contenu) paramétrés selon différentes configurations et installer celui qui vous convient selon les besoins.
Le gestionnaire de fichiers n'est pas en mesure d'accéder à un réseau local. Il peut être intéressant de lui ajouter cette fonctionnalité afin de disposer de la possibilité d'explorer le réseau afin de localiser une sauvegarde. Il suffit pour cela d'installer le paquet gvfs-backends par la commande
apt-get install gvfs-backends
Dorénavant l'entrée de menu Go --> Network drives sera accessible et permettra l'exploration du réseau.
4- Résumé de la procédure
Avec Ultraiso ou Isomaster on paramètre le fonctionnement en mode persistant en éditant le fichier /isolinux/isolinux.cfg de façon à avoir
boot=casper persistent
dans toutes les lignes commençant par APPEND.
Méthode 1: persistance dans un fichier
On crée notre live USB de Redo Backup & Recovery avec Linux Live USB Creator, ou UNetbootin ou tout autre logiciel équivalent. Sous Linux on se place dans le répertoire utilisateur
cd ~/
On crée le fichier casper-rw
dd if=/dev/zero of=casper-rw bs=1M count=2048
en modifiant le nombre après count=pour personnaliser la taille.
On formate ce fichier en ext2 par
mkfs.ext2 -F casper-rw
On le copie sur la clé USB par
sudo cp /home/nom-utilisateur/casper-rw /media/chemin/clé-usb
Méthode 2: persistance dans une partition:
Sous Linux, avec GParted ou tout autre logiciel équivalent, on crée deux partitions sur la clé USB :
- la première formatée en FAT32 avec le drapeau boot ;
- la seconde en ext2 avec l'étiquette casper-rw.
Avec UNetbootin on crée un live USB de Redo Backup & Recovery sur la première partition.