Une leucémie
Personne n’est en mesure de me fournir d’explication quant à mon état de grande fatigue qui perdure depuis la mi-septembre. Mon ancien oncologue y a même vu un épisode dépressif lié sans doute à l’annonce du syndrome myélodysplasique !
Mi-décembre je sens une nette amélioration de mon état de forme, sans raison précise, à tel point qu’il m’est possible de reprendre des marches quotidiennes plus longues, jusqu’à une demi-heure, trois quarts d’heure. Mon ancien oncologue y aurait-il vu un effet euphorisant lié à l’annonce de mon cancer de la prostate ? Vers la fin du mois, de retour de l’une de ces marches quotidiennes, je ressens de vives douleurs au mollet droit en montant la côte qui me ramène à mon domicile. J’attribue cela à une contracture musculaire, certainement due au manque d’exercice physique de ces derniers mois. Il me sera ensuite impossible de marcher pendant une quinzaine de jours, au point de devoir passer les fêtes de fin d’année la jambe immobile reposant sur une chaise. Persuadé qu’il ne s’agit que d’une blessure musculaire, je ne ressens pas la nécessité de consulter mon médecin traitant. L’avenir me fera réévaluer cet épisode avec un autre point de vue.
Cet épisode douloureux étant guéri vers la mi-janvier, je réinvestis ma « salle de sport » du sous-sol et décide de modifier mes horaires d’exercice. Afin de tenter de me donner du dynamisme pour le reste de la journée, je me lèverai plus tôt le matin et commencerai ma journée par du cardio-training en vélo d’appartement et au rameur, suivi de légers exercices de musculation et des étirements. Le temps estival qui règne durant le mois de mars et ma bonne forme du moment m’incitent également à reprendre les sorties en vélo. Mais vers la mi-mars je connais un nouvel épisode de grande fatigue au point de devoir m’aliter plusieurs jours. Ma télévision est donc remontée du sous-sol à la chambre, où elle est séjourne dorénavant en permanence, étant incapable depuis cette période de reprendre une activité physique régulière. Les jours où je puis marcher plus d’une vingtaine de minutes sont rares, je dois le plus souvent rester au repos ou me contenter d’une courte promenade d’une dizaine de minutes dans le quartier près de chez moi. Un samedi de juin où j’ai pu dans la même journée effectuer une marche d’une demi-heure et tondre la pelouse m’est restée comme le souvenir d’une véritable prouesse sportive. La vue n’est pas épargnée. Certains jours elle se trouble au point qu’il m’est impossible de lire sur l’écran de l’ordinateur ou de distinguer correctement ce qui m’entoure à plus de quelques mètres. Les épisodes de plus grande fatigue s’accompagnent d’une sensation de mal être particulièrement pénible. Je suis à la fois fatigué et dans l’incapacité de dormir convenablement au point de devoir prendre régulièrement un médicament afin de réussir à m’endormir. Aucune occupation ne parvient à aiguiser mon appétit, tout m’ennuie, rien ne paraît digne d’intérêt. Même regarder passivement la télévision me lasse. C’est une fatigue à la fois physique et intellectuelle. Il m’est difficile de me concentrer longtemps. La curiosité s’émousse, conduisant à une léthargie insurmontable que je ne supporte que grâce à l’espoir de jours meilleurs. Ma vie s’apparente davantage à de la survie. Je vivote, attendant que le temps passe et me rapproche d’un retour à une vie normale.
Début février j’ai revu l’hématologue qui a opéré un nouveau prélèvement de moelle osseuse. Le diagnostic de syndrome myélodysplasique devait en effet être confirmé par une nouvelle analyse effectuée à six mois d’intervalle. Quelques jours après il m’a joint par téléphone pour m’informer des résultats. Le biologiste aurait décelé des cellules pouvant laisser supposer que je ne serai pas atteint de myélodysplasie, mais d’une forme de leucémie très rare, la leucémie à tricholeucocytes. Ce diagnostic serait plutôt positif en ce qui me concerne, car si la myélodysplasie ne se guérit pas, cette leucémie, malgré sa rareté, bénéficie quant à elle de traitements présentant des taux de rémission de l’ordre de 80 à 90 %. De plus, en cas de récidive, le traitement conserve la même efficacité. Il lui faudra cependant effectuer un prélèvement de moelle osseuse plus conséquent à fin de biopsie pour confirmer cette hypothèse. Cette biopsie effectuée début mars confirmera le diagnostic. La destinée poursuit donc mon éducation médicale en continuant à m’offrir de nouvelles maladies, poussant même la délicatesse jusqu’à m’en proposer des plus rares pour aiguiser ma curiosité !
Ceci peut également expliquer ma grande fatigue et les diverses douleurs qui me font vivre dans l’inconfort permanent.