Le bouzouki irlandais

Bouzouki

L’objectif de cette page n’est pas de retracer l’histoire du bouzouki irlandais, ni de fournir une méthode d’apprentissage. Ceux que ces questions  intéressent pourront visiter les sites suivants :

En langue française :

http://banwarth.free.fr/
http://cbom.free.fr/

En langue anglaise :

http://www.xs4all...bouzouki/

Je me contenterai ici d’expliquer mes choix d’accordage, et de présenter quelques techniques que j’utilise pour ceux qui souhaiteraient s’en inspirer. Je précise que je ne suis qu’un très modeste amateur soucieux de partager ses maigres connaissances. C’est une façon de remercier ceux qui ont eu la générosité de consacrer de leur temps à la réalisation de sites Internet sur le bouzouki, dont certains liens figurent ci-dessus (la liste n’est pas exhaustive), et qui m’ont permis de découvrir cet instrument. J’espère ainsi apporter ma petite pierre à l’édifice collectif.

Nota : dans cet article, j’utilise la notation anglo-saxonne pour désigner les notes de la gamme. Pour ceux qui ne seraient pas familiarisés avec cette notation, en voici un rappel :

La --> A           Si --> B          Do --> C          Ré --> D         Mi --> E         Fa--> F         Sol --> G

L’accordage

Mon bouzouki est accordé en  GDGD. J’en avais un second, qui a maintenu rendu l’âme, et qui était accordé en AEAE. Pourquoi de tels accordages ?

Le bouzouki est souvent accordé comme le violon, en GDAE. En Irlande, un accordage fréquent est le ADAD. D’autres accordages existent (par exemple le GDAD). Quel intérêt présentent les accordages AEAE, GDGD, ADAD par rapport au GDAE (ou GDAD) ? Un peu de théorie est ici nécessaire. 

En musique occidentale, les accords à 3 sons sont constitués des 3 notes suivantes : la fondamentale (ou tonique), une tierce (majeure ou mineure) et la quinte. La tierce mineure se trouve 1 ton ½ au dessus de la fondamentale, la tierce majeure 2 tons au-dessus, et la quinte 3 tons ½ au-dessus. En musique celtique on remplace souvent la tierce par une seconde (un ton au-dessus de la fondamentale) ou une quarte (2  tons ½ au-dessus). Ce sont les fameux accords suspendus, noté sus2 ou sus4 selon qu’ils utilisent la seconde ou la quarte à la place de la tierce, et qui sont si caractéristiques de cette musique.

Si nous reprenons nos accordages précédents et les analysons : 

A 3 tons ½ E 2 tons ½ A 3 tons ½ E
tonique   quinte   quarte   quinte

G 3 tons ½ D 2 tons ½ G 3 tons ½ D
tonique   quinte   quarte   quinte

A 2 tons ½ D 3 tons ½ A 2 tons ½ D
tonique   quarte   quinte   quarte


Nous observons que les cordes à vide sonnent sur des écarts de quinte ou de quarte. L’écart de quinte est un écart primordial. Avant la naissance des accords à 3 sons (dans le courant du Moyen-âge), les deux seules notes considérées comme consonantes, c’est-à-dire comme harmonieuses jouées ensemble (tout au moins pour nos oreilles d’occidentaux, d’autres civilisations ayant d’autres repères), étaient la fondamentale et la quinte. La tierce a été introduite plus tard, et cela n’a pas été sans controverse.  Donc jouées ensemble, la tonique et la quinte constituent un accord de base à 2 sons.

Pour ceux qui désirent approfondir théoriquement les notions de gammes, tonalité, accords, et de relation des  notes entre elles, je recommande vivement cette page : http://mertzweiller...

Dans nos gammes occidentales, certaines notes exercent une influence beaucoup plus importante que d’autres. C’est notamment le cas de la première note de la gamme (la fondamentale ou la tonique) et la cinquième (la quinte). Pour s’en convaincre, il suffit de jouer ces 2 notes en continu sur une mélodie quelconque de la tonalité, et l’on s’aperçoit que ça ne sonne jamais faux.  Ces 2 notes sont justement celles que nous avons dans l’accordage AEAE, GDGD ou ADAD.  Autrement dit, en jouant les cordes à vide dans la tonalité adéquate, on a un accord de base, et  on est sûr que cela sonnera juste. En conséquence, avec ce type d’accordage, il est toujours possible d’accompagner la ligne mélodique par un  brossage des autres cordes à vide comme base rythmique. Il suffit donc de se concentrer sur le jeu mélodique et de brosser dans le rythme pour avoir un accompagnement.

De plus, dans la tonalité, le jeu en continu de la quinte  produit un effet de bourdon, comme avec  la famille des cornemuses, binious, uilleann pipe.

En voici une illustration, sur une jig irlandaise, Elsie Marley.

Par ailleurs, ces 2 notes sont beaucoup plus utilisées que les autres dans la mélodie, puisqu’elles en sont en quelque sorte l’ossature. Ce qui fait que dans le jeu, on fait plus souvent appel aux cordes à vide, ce qui présente un double avantage : le jeu peut être plus rapide, la résonnance des cordes est plus agréable à l’oreille.

Cet accordage permet également de faire des « montées » ou « descentes » d’accords intéressantes. Soit des accords à 2 sons en gardant 2 cordes à vide en bourdon (on fait glisser en parallèle 2 doigts de la main gauche sur les cordes de même note), soit des accords à 4 sons sonnant plus « celtiques » en jouant toujours avec 2 doigts, mais cette fois-ci sur 2 cordes contigües.

En voici des exemples.

Accords à 2 sons

Accords à 4 sons

Comment choisir son accordage

Pourquoi choisir un accordage AEAE plutôt que GDGD ou ADAD ? Eh ! bien, cela dépend avant tout de la tonalité dans laquelle vous jouerez la plupart de vos morceaux. En fait, lorsque j’ai  décidé de me mettre au bouzouki, c’était pour apporter des sonorités nouvelles dans un groupe de musique bretonne dont je faisais partie et dans lequel j’assurais l’accompagnement à la guitare. L’instrument de base était un accordéon do/sol. En haute Bretagne, la plupart des airs sont en La mineur. La fondamentale et la quinte de cette gamme sont A et E. D’où le choix logique de l’accordage AEAE.

Par la suite, j’ai intégré un groupe de musique irlandaise où nous jouions beaucoup de morceaux en Sol, tonalité pour laquelle la fondamentale et la quinte sont G et D, ce qui m’a conduit à accorder mon autre bouzouki en GDGD.

Avantages et inconvénients de ces accordages

A lire cette présentation, il semblerait qu’il n’y ait que des avantages à utiliser de tels accordages. Mais il y a tout de même des inconvénients. Lorsque l’on a besoin de jouer dans d’autres tonalités que la tonalité de l’accordage, le capodastre devient indispensable. Et si on change de tonalité en cours de morceau, cela oblige à jongler avec le capodastre.  De plus, dans certaines tonalités très éloignées de la tonalité de l’accordage, l’utilisation du capodastre devient un problème.  Par exemple lorsque je souhaitais passer de Lam en Sol avec le bouzouki accrodé en AEAE, j’étais obligé de placer le capodastre à la 10ème case. Aussi  haut sur le manche (sur les instruments à corde avec manche, le haut du manche est en bas et le bas du manche est en haut, puisque l’on se réfère à la hauteur des notes), la tenue de l’accordage est imprécis, et la sonorité moins agréable. D’où ma décision d’utiliser un deuxième bouzouki accordé en sol.

Avec de tels  accordages, il est toutefois assez facile de retrouver la tonalité d’un morceau. Il suffit de barrer les cordes à différents niveaux du manche  tout en les brossant avec la main droite. Lorsque sur une case ça sonne toujours « bien » tout au long de la mélodie, c’est qu’on est dans la bonne tonalité.

Cela oblige également à faire quelques essais pour trouver le tirant de cordes qui convient le mieux en fonction de l’accordage adopté. L’achat de cordes à l’unité est impératif.

Quelques techniques de jeu

La mélodie avec accompagnement rythmique

Cela consiste, comme déjà expliqué plus haut, à jouer les cordes à vide en rythme sur la mélodie. On obtient ainsi un effet « 2 instruments en un ». En voici une autre illustration sur un « Pilé menu », danse traditionnelle de Haute Bretagne, que j’ai composé. Ici, les brossés ne sont pas toujours joués régulièrement, ni sur les temps forts, ce qui donne davantage une impression d’indépendance de la ligne mélodique et du rythme, et donc accentue la sensation de deux instruments jouant ensemble.

L’enchaînement de Pull-off et Hammer-on

Le Pull-off est obtenu en en tirant la corde avec le doigt de la main gauche qui est utilisé pour jouer la note. Le Hammer-on consiste à venir frapper la corde sur la case de la note voulue avec un doigt de la main gauche. En jouant successivement un Pull-off et un Hammer-on, on obtient une sorte de triolet qui dynamise la mélodie.

En voici un exemple sur un « Cercle circassien » que j’ai un peu adapté à cette technique.

Le trémolo

Cette technique consiste à jouer en aller-retour très rapides sur les cordes. Elle s’adapte bien aux mélodies lentes. En voici un exemple sur « The water is wide ».

Le rythmo-mélodique

Ne cherchez pas le terme ailleurs, je l’ai inventé ! Pour cette technique, 2 doigts de la main gauche se positionnent  en parallèle sur les 2 cordes de même note et glissent pour suivre la ligne mélodique. Avec la main gauche, on arpège ou on brosse les cordes à son gré pour donner une rythmique. En voici un exemple sur « Sam’s gone away ».

 

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