Une méthode
1- Les préalables
La méthode proposée ici s’adresse avant tout à des élèves de cours moyen. Elle peut éventuellement être commencée avec quelques adaptations au CE2. Elle suppose que les élèves ont déjà reçu un enseignement des règles de base de l’orthographe grammaticale. Elle n’exclut pas la nécessaire poursuite de l’enseignement de ces règles. Elle contribue au contraire à justifier la pertinence d’un tel enseignement, et les difficultés rencontrées lors de sa mise en application aideront à déterminer la priorité des règles à voir ou revoir.
2 La mise en œuvre
Pour être efficace, l’exercice doit être renouvelé fréquemment, si possible chaque jour, à défaut deux ou trois fois par semaine lors de courtes séances d’une quinzaine de minutes. De temps en temps une séance plus longue peut être programmée.
On choisit une phrase en fonction des difficultés que l’on veut aborder. Par exemple la phrase « Les jeunes oiseaux se regroupent sur notre cerisier. » permettra de voir ou revoir l’accord du verbe, le pluriel des noms et l’accord de l’adjectif qualificatif.
On dicte cette phrase aux élèves qui devront l’écrire sur leur cahier de brouillon en leur ayant donné préalablement les consignes suivantes :
- On s’arrête à chaque mot pour en rechercher la nature et on l’écrit sous le mot sous forme abrégée (par ex. N pour nom, V pour verbe…).
- Si d’autres informations utiles portant sur ce mot peuvent être données, on les indique également (par exemple genre et nombre des noms sous la forme M ou F, S ou P).
- Lorsqu’on a déterminé la nature d’un mot, on réfléchit à toutes les règles d’orthographe portant sur ce mot pour les mettre en application (par exemple lorsque je rencontre un nom dans une phrase, je dois me demander s’il est au singulier ou au pluriel).
- Lorsque j’ai terminé d’écrire ma phrase, je relis en vérifiant que je n’ai pas oublié de règles à appliquer.
On dictera suffisamment lentement pour permettre aux élèves de mettre toutes ces consignes en application.
On procède ensuite à une correction collective au tableau. Lors des premières séances, ce sera l’enseignant qui fera la correction en verbalisant pour chaque mot les informations à donner et les règles à appliquer en sollicitant les élèves. Par la suite, lorsque les élèves auront intégré la démarche, on enverra l’un d’eux le faire avec la possibilité pour les autres d’intervenir contradictoirement.
En voici le déroulement à partir de notre phrase exemple.
On écrit « Les » au tableau. On demande aux élèves les informations que l’on peut en donner :
- Nature du mot ? En fonction du niveau d’avancement de la progression en grammaire, on acceptera dans un premier temps la dénomination très générale de « déterminant » pour exiger dès que ce sera possible la formalisation plus précise d’« article ». On l’écrit sous le mot.
- Genre et nombre ? Le nombre peut être indiqué, mais pas le genre pour l’instant.
On passe ensuite au mot suivant, et l’on écrit volontairement « jeune » (lorsque les élèves feront eux-mêmes ce travail au tableau, on les laissera bien entendu écrire la bonne orthographe dès le départ, les précisions apportées permettant d’en vérifier la pertinence).
- Quelle est la nature de ce mot ? Que sait-on de l’adjectif qualificatif ? S’il s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il accompagne, quel est ce nom ? Quels sont son genre et son nombre ? On écrit toutes ces informations en abrégé sous le mot. Si « jeune » est au masculin pluriel, comment doit-on l’écrire ? On pourra alors compléter si nécessaire pour avoir l’écriture « jeunes ».
- Peut-on compléter d’autres informations sur d’autres mots à partir de ce que l’on vient de noter ici ? On a maintenant la possibilité de préciser le genre de l’article « les » écrit précédemment.
On passe ensuite au mot suivant pour effectuer le même travail à partir des informations et règles spécifiques portant sur ce mot.
Lorsque ce sera un élève qui effectuera le travail au tableau, il ne devra pas immédiatement interroger les autres. C’est lui qui devra apporter toutes les informations et règles qu’il a trouvées. Il peut venir au tableau avec son cahier de brouillon sur lequel il a travaillé. On ne lui fera solliciter les autres que pour compléter des informations qu’il aurait omises ou rectifier une information erronée. Dans un premier temps on pourra n’envoyer au tableau que les élèves volontaires, mais il faudra veiller à inciter adroitement les élèves les plus réservés ou manquant d’assurance pour qu’ils se prêtent à leur tour à l’exercice. Il faudra parfois un peu aider les plus timorés par de petites interventions rassurantes en cours de travail. Être seul au tableau face à l’ensemble de la classe peut être source d’angoisse pour certains, il faut donc les soutenir afin qu’ils réussissent à surmonter cette crainte et prennent confiance en eux.
Le but de ce travail est de faire automatiser par les élèves une méthode de relecture. Lorsqu’on demande à un élève de « relire » ce qu’il vient d’écrire pour en corriger les fautes, il se contentera de lire comme on lit une lecture si on ne lui précise pas en quoi consiste l’acte de relecture. C’est pourquoi il est important de renouveler l’exercice fréquemment, afin que l’attention portée à l’orthographe soit automatisée.pédagogie français CM CE école primaire élémentaire cours fiches exercices